Sophie, la lavandière


Il était une fois une petite lavandière qui s’appelait Sophie et qui ne recevait de sa maîtresse, une femme riche et égoïste, qu’un salaire de misère. Néanmoins, parce qu’elle aimait le Seigneur de tout son cœur, elle envoyait tout ce qu’elle pouvait aux pauvres missionnaires en Afrique. Un jour que sa maîtresse revenait de l’office…

Sophie, Sophie ! Où es-tu ? appela-t-elle.

Oui, Madame, j’arrive ! fit Sophie, haletante.

Eh bien, te voilà, ce n’est pas trop tôt ! Tu ne peux pas imaginer combien je me suis ennuyée à la messe d’aujourd’hui ! On nous rebat les oreilles qu’il faut donner aux pauvres et aux missionnaires ! Pourquoi est-ce que je devrais les aider ? Ce n’est tout de même pas de ma faute à moi, s’ils sont pauvres ! Au fait, dis-moi, est-ce que quelqu’un est venu en mon absence ?

Oui, Madame, le petit vendeur de journaux, répondit Sophie. Vous lui avez dit de repasser aujourd’hui, et que vous lui donneriez un pourboire s’il amenait le journal jusqu’à la porte, au lieu de le mettre dans la boîte aux lettres.

Oh, quel paresseux ! s’exclama la maîtresse. Et qu’est-ce que tu lui as dit ?

Ben, je lui ai donné quelque chose de votre part.

Tu as fait ça ? Eh bien, tu en seras de ta poche. Oh Ciel ! Ce garçon me répugne ! Il a toujours l’air dépenaillé. Et quand est-ce qu’il songera à se faire couper les cheveux ?

Les coups de l’horloge vinrent lui rappeler qu’il était déjà 11 heures. Elle s’empressa d’ajouter :

Oh, Mon Dieu, il se fait tard ! Sophie, je sais que c’est ton jour de congé, mais ce soir j’ai des invités, alors je voudrais que tu me laves tous les rideaux. Et fais en sorte qu’ils soient secs, repassés et remis en place avant la réception. Ensuite, tu pourras donner un coup dans la cuisine.

Mais Madame, interrompit Sophie, hésitante, c’est que… j’ai promis de rendre visite à…

Je regrette, ma chère, insista la maîtresse, mais les invités arrivent à sept heures, et je veux que ma maison soit impeccable ! Tu comprends ?

Oui, Madame, répondit la servante, résignée.

Maintenant, je dois prendre le thé avec les dames patronnesses, et il faut que je me dépêche.

Puis la porte claqua et Sophie se mit au travail. À peine avait-elle décroché les rideaux qu’elle entendit la sonnette. C’était le facteur avec une lettre à son nom. Excitée, elle l’ouvrit et lut ce qui suit : « Ma chère Sophie, merci pour tes petites cartes de bon rétablissement lors de ma maladie. Merci également de nous avoir fait les courses et d’avoir surveillé les enfants. Ci-joint 40 francs pour te dire combien nous te sommes reconnaissants. Tendrement. Signé : Jeanne, Matthieu et les enfants. »

Oh, quelle bonne surprise ! s’écria Sophie. Encore un peu d’argent que je pourrai envoyer aux missionnaires ! Même si ce n’est pas grand-chose, là-bas ça fait beaucoup, et ils en ont grand besoin. Youpie ! Mais, oh là là ! je ferais bien de me remettre au travail…

Finalement, tout fut prêt à l’heure et les invités furent satisfaits. Après le départ des derniers, la maîtresse de maison poussa un soupir de soulagement :

Ouf, c’est fini, je suis exténuée ! Je vais au lit, Sophie. Voudrais-tu bien nettoyer la cuisine ? Bonne nuit !

Bonne nuit, Madame, répondit Sophie, triste et lasse.


Mais cette nuit-là, la femme riche fit un rêve, dans lequel elle mourait et allait au Ciel. Un ange lui servait de guide dans les rues de la Cité céleste.

Oh ! c’est absolument magnifique ! s’exclama-t-elle. Je n’aurais jamais imaginé que le Ciel puisse être aussi beau ! Et cette charmante villa ! Dites-moi à qui elle appartient ?

Elle appartient à votre lavandière, répondit l’ange. Celle que vous avez maltraitée, et fort mal payée.

Oh ! mon Dieu, se dit la femme, si ma lavandière reçoit une aussi belle villa, j’ai peine à imaginer la splendeur de la mienne ! Puis, s’adressant à l’ange, elle demanda : Maintenant, pourriez-vous me montrer ma maison ?

Avec plaisir, fit l’ange, si vous voulez bien me suivre…

Oh ! mais ! on dirait que vous m’emmenez dans les quartiers pauvres... On est sûrement en train de s’égarer !

Non, pas du tout, on est presque arrivés. Voilà, on y est.

C’est quoi, ça ? s’enquit la femme.

Eh bien, Madame, c’est votre maison à vous.

Ma maison ! Vous devez faire erreur. Comment pouvez-vous avoir le front de m’attribuer une demeure aussi miteuse ! Après tout ce que j’ai fait ! C’est scandaleux !

Eh bien, nous avons fait de notre mieux avec les matériaux que vous nous avez fait parvenir. Mais ce n’était pas grand- chose. Votre lavandière, elle, ne cessait de prier et de donner tout ce qu’elle pouvait. Elle n’a pas arrêté de nous envoyer de nouveaux matériaux, et on n’a pas pu faire autrement que de lui construire une magnifique villa.


Certains donnent leur vie, joyeusement et généreusement. Ils ne sont pas reconnus sur Terre,

mais Dieu voit tout et, dans Son grand livre, Il écrit tout. Alors, n’hésitez pas à donner de vous-même.

Grande sera votre récompense dans les Cieux !


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